Madeleine Pelletier

Medecin et féministe française

Née le 18 mai 1874 à Paris, décédée le 29 décembre 1939 à Épinay-sur-Orge, à l’âge de 65 ans.

 

Première femme médecin à accéder à l'internat de psychiatrie en France en 1907.


Née dans une famille nombreuse et pauvre, Madeleine Pelletier s’arrache à son milieu à la force de son caractère et de son intelligence. Elle passe son bac en candidate libre et l'obtient avec la mention "Très bien ". Grâce à une bourse, elle se lance dans des études de médecine.

Elle étudie d’abord l’anthropologie, mais en désaccord avec l’idée que le volume du crâne et l'intelligence serait liés (théorie tendant à justifier l’infériorité intellectuelle des femmes), elle s'intéresse à la psychiatrie et engage une bataille pour que les femmes puissent accéder à l'internat de médecine, c'est-à-dire à une spécialisation. En 1907, elle devient la première française  interne en psychiatrie. Cependant ses activités politiques l'empêcheront d'obtenir son diplôme.

En même temps qu'elle suit ses études, elle s'engage dans l'arène politique, d'abord à la SFIO, puis au Parti communiste, qu'elle finira par quitter en 1925. Elle était également franc-maçonne.

Intransigeante dans ses positions féministes, elle a heurté autant qu'elle a fait bouger les lignes.

Pendant la Première Guerre mondiale, elle a travaillé pour la Croix-Rouge. Internationaliste,  mettant un point d’honneur à soigner les soldats de tous les pays combattants.

Elle s'habillait en homme, sans demander la permission de travestissement obligatoire auprès de la préfecture de police et affirmait : "Mon costume dit à l'homme : je suis ton égale." Elle défendait par ailleurs une virginité militante - position marginale dans le mouvement féministe - c'était pour elle une façon d'échapper à la maternité et donc à la vie de famille qui, selon elle, fait de la femme "une esclave, une servante à tout faire."

Très engagée dans la lutte pour le droit de vote, elle se présente en 1910 aux élections législatives, mais sa candidature, comme celle d'Hubertine Auclert  et 

Marguerite Durand, est invalidée par le Conseil d'Etat.

En 1939, elle est jugée pour « crime d’avortement ». Elle fait un accident vasculaire et est hospitalisée en psychiatrie contre son gré. Elle, qui s’est battue toute sa vie contre les internements abusifs, décèdera sept mois plus tard à l’asile de Vaucluse.

Avant-gardiste dans de nombreux domaines de la médecine et de la pensée, Madeleine Pelletier rêvait d'une société sans catégorie de genre où l'individu dépasserait son sexe. 

 


En savoir +

"Ce que nous voulons supprimer, ce n’est pas le sexe féminin, mais la servitude féminine."

 

L’éducation féministe des filles (1914)

Madeleine Pelletier

 

"Tout cela me décourage, l'émancipation de la femme ne viendra donc jamais. Autrefois, mes allures d'affranchie ne me valaient que des lazzi des voyous, maintenant, on m'arrête parce que je n'ai pas l'air d'une asservie, comme les autres femmes, évidemment, je suis née plusieurs siècles trop tôt ». 

Madeleine Pelletier

Correspondance, 16 septembre 1914.

 


A lire

À NOTER :

 

En 1910, le Parti socialiste présente illégalement (puisque les femmes se sont pas éligibles et n'ont pas le droit de vote)  aux élections législatives des candidatures féminines, Madeleine Pelletier  est nommée dans le 8ème arrondissement de Paris. Ces candidatures sont annulées par le Conseil d'Etat.