Journaliste, femme politique et résistante française
Née le 27 août 1906 à Ouesso, décédée le 9 février 1953 à Villenave-d'Ornon, à l’âge de 46 ans.
Jane Vialle est née d'une mère congolaise, Thérèse Tchiloumbou, et d'un père français, Michel Vialle. Le couple s'est rencontré alors que Michel Vialle travaillait pour la Compagnie française du Haut Congo qui exploitait l'ivoire et le caoutchouc dans l'ancienne colonie française. Mais le couple ne dure pas. Un an après la naissance de Jane, Michel Vialle est nommé à Bangassou, au sud-est de l’actuelle République centrafricaine et il emmène sa fille avec lui. Elle l'accompagne désormais dans tous ses voyages et il la reconnaîtra officiellement en 1912, lors d'un passage à Paris. Quand la Première Guerre mondiale éclate, Michel Vialle décide de rentrer définitivement en France avec sa fille. Jane Vialle est scolarisée à Paris, après son Brevet d'études, elle suit des études secondaires et obtient son baccalauréat en 1925.
Elle commence par occuper un poste de secrétaire, puis se lance dans le journalisme. En 1927, elle épouse Marcel Beauvois, dont elle divorcera en 1940. En 1940, on la retrouve à Marseille où elle travaille pour le journal Confidences, tout en écrivant des contes et des nouvelles pour des journaux africains, dont La Dépêche d'Alger et son hebdomadaire Tam Tam. Elle s'engage dans la Résistance. Elle devient la secrétaire de Jean Gemähling, chef du réseau de renseignements du mouvement Combat, et en tant qu'agente de liaisons et de renseignements, elle collecte et codes de nombreuses informations. Elle est arrêtée à son domicile en 1943, elle est d'abord internée 3 mois au camp de Brens dans le Tarn, puis à la prison des Baumettes à Marseille. Jugée le 10 décembre de la même année pour « activités nuisibles à la Défense nationale ». Elle est défendue par Germaine Poinsot-Chapuis, elle-même résistante - qui deviendra la première française ministre de plein pouvoir (ministère de la Santé) - qui parvient à la faire libérer, elle codait si parfaitement ses documents que rien n'a pu être prouvé contre elle. Elle reprend aussitôt ses activités dans la Résistance et retrouve sa place auprès de Jean Gemälhing, mais cette fois à Lyon et à Paris. Elle est décorée de la médaille de la Résistance pour services rendus à la France pendant l'Occupation.
Tout de suite après la guerre, elle est journaliste à l'Agence France-Presse (AFP) et correspondante pour plusieurs journaux africains. En 1946, elle devient membre du comité de rédaction du journal Combat, issu de la Résistance, d'où elle suit les travaux des assemblées constituantes.
En 1945, elle fonde l'Association pour les femmes de l'Union française et se lance dans la politique. De janvier 1947 à novembre 1948, elle est élue, sous l'étiquette Mouvement Unifiés de la Résistance, Conseillère de la République de l'Oubangui-Chari, ancien territoire d'outre-mer français, actuelle République Centrafricaine. Puis, de novembre 1948 à mai 1952, elle devient, avec Eugénie Éboué-Tell, une deux premières femmes noires élues sénatrices. Eugénie-Éboué-Tell est élue sénatrice de la Guadeloupe et Jane Vialle sénatrice de l'Oubangui-Chari, cette fois sous l'étiquette Indépendante d'Outre-mer. Durant tous ses mandats, elle va lutter pour que l'« égalité des droits et privilèges sans distinction de race » soit respectée. Elle s'attache aussi particulièrement à la condition des femmes, se battant pour qu'elles bénéficient d'une éducation égale à celle des garçons et à celle de des étudiants et étudiantes de la métropole. Elles est membre des commissions sur l'Éducation nationale et la Sécurité sociale.
Jane Vialle et Eugénie Éboué-Tell travaillent ensemble à une proposition de résolution pour que la recherche de la paternité soit appliquée outre-mer comme en métropole, afin de protéger les enfants métis souvent abandonnés par leur père blanc. Jane témoignera : « Je suis moi-même la fille d’un de ces pères consciencieux et d’une mère noire – mais lorsque les pères ne veulent pas s’embarrasser d’une responsabilité prolongée, ils les abandonnent… ». Leur proposition sera adoptée en 1951.
Elle s'est aussi beaucoup préoccupé des bourses d'études et de l'accueil des étudiantes d'Outre-mer.
En 1949, le Comité de liaison des organisations internationales des femmes la nomme membre des Nations Unies sur les questions de l’esclavage et du commerce des esclaves. Elle demande un rapport sur l’état de l’esclavage en Afrique et à Madagascar et soumet un mémorandum sur l’esclavage dans les territoires africains le 13 juin 1951.
Candidate à sa réélection en 1952, elle est battue par Hector Riviérez, ce qui ne l'empêche de rester active. Mais le 7 février 1953, elle est victime d'un accident d'avion et meurt deux jours plus tard des suites de ses blessures.
Elle est citée à l'ordre de la Nation à titre posthume le 21 mai 1953.