Mary Church Terrell

Essayiste, enseignante et militante africaine-américaine

Née le 23 septembre 1863 à Memphis et morte le 24 juillet 1954 à Annapolis, à l’âge de 90 ans.


Les parents de. Mary Church Terrell sont d'anciens esclaves affranchi·es par le treizième amendement qui abolit l'esclavage aux États-Unis en 1865, mettant fin à la Guerre de Sécession, mais laissant un pays coupé en deux par la ségrégation raciale qui va remplacer l'esclavagisme.

La lutte contre le racisme et le sexisme vont être les grands combats de Mary Church Terrell.

Enfant brillante, elle bénéficie d'une solide éducation dans les rares écoles, puis universités non ségréguées de l'état d'Ohio où elle vit. À l'âge de 17 ans, elle rejoint l'Oberlin College, première université américaine à accueillir des étudiants africains-américains (en 1845), puis à admettre des femmes (en 1837). Elle va y suivre des études de lettres classiques, mais aussi de sciences sociales, d'histoire et de droit, tout en pratiquant la musique. Quatre ans plus tard, en 1884, elle est avec Anna J. Cooper et Ida Gibbs, l'une des trois premières africaines-américaines à obtenir un Bachelor (Bac+4).  Anna J. Cooper et Ida Gibbs seront également de grandes militantes et les trois femmes resteront liées toute leur vie. Mary Church Terrell voyage et étudie ensuite durant deux ans en Europe. Elle parle couramment  l'allemand, le français et l'italien

De retour au USA,  elle s'installe à Washington et enseigne le grec et le latin dans un lycée réservé aux Noir·es. Elle y rencontre le futur avocat Robert Heberton Terrell, qui sera le deuxième africain-américain à devenir juge de paix, le couple se marie en 1891.

Confrontée non seulement au racisme, mais aussi au sexisme — la société tolère mal les femmes universitaires, de surcroit quand elles poursuivent leurs activités professionnelles après leur mariage — elle aiguise sa pensée militante qui va entrer en action après le lynchage de Tom Moss à Memphis, sa ville natale. Elle se rend à la maison Blanche avec le grand abolitionniste Frederick Douglass pour demander une loi condamnant le lynchage, leur démarche sera vaine, mais Mary Church Terrell s'engage dans un combat qui occupera les 30 prochaines années de sa vie. Elle fait  la rencontre de la journaliste et militante Ida B. Wells 

Avec Harriet TubmanMargaret Murray Washington et Frances Harper, elles co-fondent la National League of Colored Women qui deviendra la National Association of Colored Women's Clubs (NACWC) dont Mary Church Terrell sera la première présidente. Le but de cette association est de soutenir les femmes noires dans leur combat pour le droit de vote, ainsi que dans leur lutte contre le racisme. Les suffragettes blanches font peser sur les militantes noires un racisme qui va faire poser à Mary Church Terrell les fondations d'une analyse qui met en lumière la double discrimination subie par les femmes racisées. 

En 1904, elle est la seule femme noire à prendre la parole au Congrès International de Femmes de Berlin. Elle fait son discours en allemand, déclarant : "Non seulement, les femmes de couleur qui ont de l'ambition et des aspirations sont handicapées par leur sexe, mais elles sont presque partout rejetées et moquées en raison de leur race." 

Brillante oratrice, elle voyage en Europe et aux États-Unis pour faire avancer ses idées. En 1906, toujours aux côtés d'Ida B. Wells, elle rejoint National Association for the Advancement of Colored People (association nationale pour la promotion des gens de couleur).  Pour elle, comme pour Ida B. Wells, se pose la question du sexisme au sein d'un mouvement qui fait peu de place aux femmes. Elle s'emploie à démontrer que "le vote des femmes est indispensable pour faire avancer la justice raciale, que l'opposition au vote des femmes est une absurdité, que dénier le droit des femmes est discriminatoire, cela revient à écarter les femmes du genre humain, en faire des citoyennes de seconde zone."

Pendant la Première Guerre mondiale, elle encourage les femmes à remplacer les toutes hommes dans tous les métiers. Elle croit profondément que l'éducation et dans l'idée que l'avancée d'un petit nombre va entraîner le plus grand nombre. “Lifting as we climb” (qu'on pourrait traduire par : en même temps que nous montons, nous vous  faisons monter les autres) est le slogan de la National Association of Colored Women.

Mais chacun de ses combats se heurte à un racisme qui surgit en tout lieu, que ce soit les toilettes qu'on lui interdit d'utiliser quand elle met sa connaissance des langues au service du Ministère de la Guerre durant la guerre, ou les rencontres avec le Sénat dont elle se voit évincée par les suffragettes blanches.

Infatigable, si le découragement, parfois l'accable, elle ne renonce jamais. Elle aura la satisfaction de voir la publication de l'arrêt de la Cour suprême Brown v. Board of Education du 17 mai 1954 qui déclare la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques, étape décisive vers la fin de la ségrégation aux États-Unis.

En 1940, elle avait publié son autobiographie A Colored Woman In A White World (Une femme de couleur dans un monde blanc). Aucun de ses textes ne sont actuellement traduit en français.

 


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Je suis une africaine-américaine.

 

In The Washington Post (1927)

Mary Church Terrell 


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