Marcelle Lafont

Chimiste, résistante et femme politique française

Née le 23 novembre 1905 à Lyon, décédée le 2 octobre 1982 à Songieu (Rhône), à l’âge de 76 ans.


Petite-fille de Louis Lafont, inventeur de la salopette en 1844, Marcelle Lafont est la fille unique d'Adolphe Lafont, industriel créateur de la marque de vêtements de travail Adolphe Lafont, et de Pauline Falb, collaboratrice de son époux et bienfaitrice active tant sur le plan social que culturel.

Enfant vive et brillante - son père l'appelle son "fils" - Marcelle Lafont, après avoir passé un bac Math-Elem, s'engage dans une licence de sciences et suit les cours de l'Ecole de Chimie lyonnaise. Elle travaille d'abord dans l'usine Bertholus de Caluire, avant de rejoindre l'entreprise familiale en tant que chimiste, s'occupant plus particulièrement de l'usine de teinture située 22, rue Sainte Pauline à Villeurbanne.

Durant l'année 1934, elle anime, tout comme sa mère, l'émission de radio L'heure de la femme.

En 1935, elle devient attachée au cabinet du ministère de la Santé Publique et des Sports à la tête duquel son oncle, Ernest Lafont, vient d'être nommé. Elle y est chargée de la Petite Enfance. La même année, à la demande du maire de Villeurbanne, le docteur Lazare Goujon, elle accepte de briguer un mandat de conseillère municipale privée, alors même que les femmes n'ont pas encore le droit de vote. L'expérience de faire élire quatre conseillères municipales à Villeurbanne était clairement en faveur du suffrage féminin et devait prouver que les femmes étaient capables d'assumer des responsabilités politiques. La liste SFIO sur laquelle figurait Marcelle Lafont sera battue par la liste communiste.

En 1936, après la chute du ministère d'Ernest Lafont, Marcelle Lafont continue de travailler pour son oncle, officiellement comme chauffeur et dactylo.

Durant son passage au ministère, elle a fait la connaissance du futur colonel Clayeux, alors jeune capitaine détaché à la préparation des jeux olympiques de Berlin. Sans se marier, ils seront jusqu'à la fin de leurs jours l'un pour l'autre compagne et compagnon de vie et d'engagements politiques.

En 1937, en sus d'un permis poids lourd, elle obtient son brevet de pilote

En 1939, elle aspire à rejoindre l'armée de l'Air, mais voit sa candidature rejetée parce qu'elle est une femme. Seule Maryse Bastié est acceptée pour faire du transport-avion. Marcelle Lafont est affectée à la Défense passive, elle s'occupe de la détection des gaz et organise des équipes polyvalentes de secours.

Dès 1940, elle entre dans la Résistance, et outre les ravitaillements et transmissions de messages, elle accomplit plusieurs missions périlleuses : transport de blessés, ravitaillement de camps et hôpitaux de prisonniers, voyages en Allemagne. En outre à deux reprises elle fait s'évader deux prisonniers du stalag de Charleville en les attachant sous son camion. 

En 1942, privée d'Ausweis, elle se préoccupe des indigènes stationnés en zone libre. Elle organise un foyer d'accueil à Fréjus et a l'idée de créer un corps d'assistantes coloniales au sein du Ministère des Colonies. La direction lui en est confiée de décembre 1942 à fin 1947. Elle est en même temps assimilée au rang de capitaine.  

Après la guerre, elle reprend sa place de chimiste dans l'entreprise Lafont et en devient une des administratrices. A la mort de son père, en 1952, elle assure provisoirement la direction des usines Lafont, puis, en 1955, se retire à Songieu dans la propriété du Pic que la famille Lafont a acheté en 1902. 

Conseillère municipale de Songieu de 1959 à 1965, elle en devient maire de 1965 à 1973. Elle y fonde Le Cercle Amical de Songieu agréé par le ministère de la Jeunesse et des Sports et les services de l'Education Populaire. Elle était affectueusement surnommée "La demoiselle", "La grande demoiselle" ou "la bonne dame" de Songieu. 

 

Marcelle Lafont était titulaire des médailles et citations suivantes :

- Médaille de la Résistance

- Chevalier de l'Ordre impérial du Dragon d'Annam

- Officier de l'Ordre indochinois des Millions d'éléphants blancs et du Parasol blanc

- Médaille de la Santé publique

- Mérite agricole

 

 

Cet article doit beaucoup à celui de M.-.J. Bazin dans la Revue Rive Gauche n° 98, septembre 1986 

 

En savoir +


1. Marcelle Lafont  lors de la campagne pour l'élections de conseillères municipales privées en 1935 à Villeurbanne © Paris-Soir 2 avril 1953, Archives Rize 2. Etiquette de la marque de Vêtement Adolphe Lafont.

 

 

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