Danielle Casanova

Dentiste, militante et résistante française

Née le 9 janvier 1909 à Ajaccio, décédée le 9 mai 1943 à Auschwitz, à l’âge de 34 ans.


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Danielle Casanova nait Vincentella Perini, à Ajaccio, dans une famille d'instituteurs. Le père adhère au Comité de vigilance antifasciste et est sympathisant du Parti Communiste en 1935. Chez les Perini, on est du "clan Landry", le clan républicain.

Bachelière, après 3 semaines d’hypokhâgne, elle part à Paris chez son frère journaliste pour faire dentaire (elle sera chirurgienne-dentiste en 1932) et commence son éducation politique. Elle adhère à 18 ans à l’Union Fédérale des Etudiants (U.F.E), devient responsable de la section médecine et rentre aux Jeunesses Communistes. C’est pendant ses classes militantes qu’elle rencontre Laurent Casanova, qu'elle épousera en décembre 1933. En février 1934, élue membre d’une nouvelle direction des Jeunesses Communistes puis Secrétaire générale du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, elle participe activement au journal Jeunes Filles de France. Elle suit alors pendant un mois l'école du parti à Moscou. Quand l'Union des jeunes filles de France est créée en 1936, elle en devient la secrétaire générale. Elle est à l'origine des comités populaires féminins de la Résistance et crée le journal La Voix des Femmes. Elle participe à la formation des premiers groupes de Francs-Tireurs et Partisans. Elle reste fidèle à son engagement militant après l'interdiction de son parti, en septembre 1939, et agit alors dans la clandestinité. Ses études finies, sa grand-mère lui finance le matériel nécessaire pour s’installer. Elle exerce trois jours par semaine dans son cabinet puis travaille à la clinique dentaire de la coopérative ouvrière La Bellevilloise et au dispensaire de Villejuif. En octobre 41 avec l’aide de Josette Cothias, elle édite une Humanité des femmes.

Danielle est au cœur du mouvement de protestation contre l’occupant et la politique de Vichy. La direction du PC la charge également de rassembler les intellectuels patriotes mais la police qui la suit depuis un certain temps l’arrête le 15 février 1942. Dans les jours qui précédent et qui suivent, 116 militant.es sont arrêté.es. Danielle Casanova est emprisonnée à la Santé puis à Romainville fin août 1942. Elle devient la rédactrice en chef du Patriote de Romainville, rédigé par des patriotes de toutes opinions, écrit et recopié à la main. Le 24 janvier 1943, presqu’un an après son arrestation, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau ; elles sont 230 dans le lequel se trouve aussi Charlotte Delbo. C’est le convoi des otages, des veuves, convoi-symbole des femmes de la Résistance. Elles ont entre 17 et 69 ans. A leur arrivée au camp le jour se lève à peine, et elles passent la porte du camp en chantant à tue-tête. La dentiste en fonction vient de mourir du typhus et Danielle la remplace. Elle se trouve ainsi dans une situation qui lui permet de distribuer à ses camarades les plus démunies nourriture et lainages, et des médicaments volés. Elle établit presque immédiatement le contact avec l’organisation clandestine et trouve la filière internationale de la résistance. Début mai 1943, des tracts dénonçant l’horreur d’Auschwitz circulent en France. Ses camarades meurent les unes après les autres, vaincues par le typhus. Sur les 49 rescapées du convoi, seules 3 réussirent à échapper à la maladie. Danielle Casanova meurt le 9 mai 1943.

Le Parti communiste français honora sa mémoire, en faisant d’elle une héroïne nationale célébrée le jour de la fête de Jeanne d’Arc. Danielle Casanova est l'une des figures les plus emblématiques de l'esprit de Résistance des Corses.

 

Article rédigé par Danièle Soubeyrand

 


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"Nous ne baisserons jamais la tête ; nous ne vivons que pour la lutte. Les temps que nous vivons sont grandioses.
Je vous dis au revoir ; j’embrasse tous ceux que j’aime. N’ayez jamais le cœur serré en pensant à moi."

 

Dernière lettre de Danielle Casanova, 

Romainville 24 janvier 1943

 


A lire


 

Journal clandestin Jeunes Filles de France, octobre 1940