Louise Bodin

Femme de lettres, journaliste et féministe française

© Collection Cedias, Musee Sociale
© Collection Cedias, Musee Sociale

Née le 23 mai 1877 à Paris, morte le 3 février 1929, à Rennes, à l'âge de 51 ans.


Surnommée la «Bolchévique aux bijoux», parce qu'issue d’un milieu aisé, cette passionnée de littérature va devenir rédactrice en chef du journal féministe,  La voix des femmes (crée en 1848 par Eugénie Niboyet), puis membre du comité directeur du Parti communiste, avec lequel elle rompt en 1927.

Pendant la Première Guerre mondiale, elle est infirmière dans l’hôpital militaire de Rennes, tout en continuant à observer et dénoncer le sort fait aux femmes, sous-payées pour le travail qu’elles effectuent en remplacement des hommes.

Après la guerre, elle organise une campagne pour faire adopter les orphelins et enfants abandonnés et se bat avec force contre les lois criminalisant l’avortement et la politique de repopulation de la France.

 

En savoir +

A lire

Louise Bodin, la bolchévique aux bijoux de Colette Cosnier, éditions Horay (1998)

http://www.horay-editeur.fr/livres/cc_louis.htm

Extrait de l’article paru dans l’Humanité le 9 Août 1920 en réaction à la loi du 31 Juillet 1920 réprimant "la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle" :

« {…} le crime d’avortement n’était qu’un prétexte. Il n’est mis en premier lieu que pour faire impression. Mais il s’agit bien moins du crime d’avortement que de la propagande néo-malthusienne*.  

Comme il n’est pas un de ces messieurs aristocrates, grands bourgeois, mercantis des affaires ou de la presse qui ne la pratiquent conjugalement ou extra-conjugalement, cet article de loi ne peut viser ni atteindre la compagne de leurs plaisirs. Et c’est bien, en effet, la femme de l’ouvrier, la femme du peuple qu’on veut atteindre. Celle-là restera dans l’ignorance et dans l’impossibilité de limiter le nombre de ses enfants.

Les cabarets sont ouverts pour son homme, mais les cabinets médicaux lui sont fermés. Elle croupira dans des taudis sans air, sans lumière et sans eau : qu’importe, elle aura des gosses. Elle sera exténuée par les travaux de l’atelier, de la fabrique, du ménage : qu’importe, elle aura des gosses. Elle ira laver à la rivière des charges de linge à tomber sous le poids, elle montera à son sixième étage des seaux à lui arracher les bras : qu’importe, elle aura des gosses. Ils mourront tuberculeux, de syphilis héréditaire, dans leurs clapiers ou dans des hôpitaux infâmes : qu’importe, elle aura des gosses. On les tuera par millions, pour le Droit et la Civilisation, on les laissera pourrir au bagne s’ils se révoltent et s’ils deviennent conscients : qu’importe, elle aura des gosses. Si elle en perd six, elle en aura douze. Elle y crèvera : mais elle aura des gosses !

 

* C'est-à-dire de la limitation des naissances, les néo-malthusiens considèrent la limitation des naissances comme un droit et un devoir humain, un respect des ressources naturelles limités de la Terre.

 

Louise Bodin chez elle