Wislawa Szymborska

Ecrivaine polonaise

Née le 2 juillet 1923 à Prowent, décédée le 1er février 2012, à l'âge de 88 ans.



Son lycée à Cracovie, où ses parents ont emménagé quand elle avait 8 ans, ayant été fermé par les nazis, Wislawa Szymborska passe son baccalauréat dans la clandestinité. Après la guerre, elle fait des études de lettres, puis de sociologie, mais ses revenus sont trop faibles pour qu'elle puisse poursuivre ses études comme elle le souhaite et elle quitte l'Université, en 1948, sans diplôme

Dès 1945, elle a commencé à publier des poèmes dans des revues et journaux. Mais elle gagne sa vie en cumulant plusieurs emplois, secrétaire pour un magazine éducatif et illustratrice pour divers médias.

Malgré l'arrêt de a publication de son premier livre par la censure qui ne le juge "pas assez socialiste", Szymborska adhère au Parti communiste polonais dont elle va , en même temps qu'elle se rapproche des milieux dissidents,  s'éloigner. En 1966, elle renvoie sa carte, après l'exclusion du parti du philosophe Leszek Kołakowski. Dès lors, elle participe activement à plusieurs mouvements et manifestations contre les atteintes faites à la liberté et la soumission du gouvernement polonais à l'URSS.

Elle  reniera ses deux premiers recueils de poésie, les qualifiant de "trop assujettis". 

À partir de la fin des années 1960, elle développe une poésie à la fois personnelle et critique sur le plan politique.

 

Toutes choses tiennes, miennes,

nôtres, vôtres, diurnes, nocturnes,

sont des choses politiques.

 

(Enfants du siècle in Je ne sais quelles gens,1957-93)

 

Sa poésie se nourrit d'infimes détails du quotidiens qui ouvrent la voie à des questionnements vastes et métaphysiques. 

 

…ils sont Tous morts de faim. Tous. C’est combien ?

(…)

L’Histoire arrondit les squelettes au zéro inférieur.

 

(Camp de la mort à Jasllo in Sel (1962)

 

 

Ses textes sont hantés par la guerre, la dictature, la torture et l'indifférence. À propos de la haine, dans un poème qu'elle lui consacre, elle écrit :

 

On la dit aveugle. Elle ?

Avec ces yeux de sniper ?

Intrépide, elle regarde l'avenir en face.

Elle seule.

(La haine in Fin et Début (1993)

 

Son style se caractérise par un humour et une ironie d'une grande élégance.

 

J’aime mieux les zéros en vrac

que les zéros faisant la queue derrière un chiffre

(Options in Je ne sais quelles gens, 1957-93)

 

Sous des dehors modestes, ses textes, souvent brefs, distillent leur densité et leur puissance par petites touches et leur ondes se propagent en nous en échos qui appellent la relecture. Et placent, qui veut bien entendre, face à des questionnements ou des constats assez sombres.

 

J'avais raison.

Seulement voilà, il n'en résulte rien.

Et voici ma chemise barbouillé par le feu.

Et voici ma quincaillerie de prophétesse.

Et voici mon visage tordu.

Visage qui n'a pas su qu'il pouvait être beau.

(Monologue pour Cassandre in Cent blagues, 1967)

 

À partir de 1967 et jusqu’en 2002, elle tient une chronique littéraire intitulée « Lectures facultatives », traitant des livres off ignorés de la critique.

 

En 1948, elle avait épousé le poète et traducteur, Adam Wlodeck, dont elle divorça en 1954. Elle-même a traduit plusieurs auteurs français en polonais (Musset, Baudelaire, …), grâce à une bourse elle séjourne à Paris en 1957.  En 1969, elle entame une relation amoureuse avec le romancier Kornel Filipowicz, qui durera jusqu’à la mort de celui-ci, en 1990, sans que le couple n'habite jamais ensemble Wislawa Szymborska et Kornel Filipowicz s'écrivaient presque quotidiennement, leur correspondance a fait l'objet d'une édition en Pologne.

 

Wislawa Szymborska a également entretenu une importante correspondance avec la poétesse Joanna Kulmowa.

 

Peu connue en France, ses poèmes ont été traduits dans une quarantaine de langues.

 

 


En savoir +

"Il n’y a pas de docteur en poésie."

 

Discours réception Prix Nobel littérature (1996)

Wislawa Szymborska

 


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