Rosa Arpe-Brunel

Résistante française

Photo carte de combattante © coll privée
Photo carte de combattante © coll privée

Née le 29 janvier 1921 à La Spezia en Italie, décédée le 1er février 2017 à Cagne- sur-mer, à l’âge de 96 ans


Rosa Arpe-Brunel, naît Rosa Arpe en 1921, en Italie, dans une famille communiste, antifasciste. Le père émigre en France, en 1922, pour fuir la politique de Mussolini. Le reste de la famille le rejoint en 1923 et Rosa Arp grandit à Vaulx-en-Velin dans une maison bâtie par toute la famille. Maison qui au début n’a ni eau, ni électricité.

Quand le Parti communistes est interdit en 1939, le père de Rosa construit une deuxième cave, sous la première cave de sa maison pour accueillir des réunions clandestines, préparer des tracts et cacher des résistant.e.s. Rapidement la maison est surveillée, mais grâce à une chaîne de solidarité, la famille, qui est toute entière engagée dans la Résistance, est prévenue avant les descentes de police.

En 1939, Rosa a fait connaissance d’un vendeur de journaux membre des Jeunesses communiste, fraîchement arrivé de Béziers, Jean Brunel. Rosa et Jean se marient en 1941, et ont une petite fille, Mireille, le 2 mars 1942.

Rosa, sous les ordres de Jean Rolland assure des liaisons, transmet des renseignements, cherche des locaux pour les groupes Francs de l’Armée secrète. Jean intègre le groupe FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français issu du Parti communiste) Guy Moquet et prépare bombes et explosifs pour leurs actions.

Le groupe est arrêté en décembre 1943, mais comme Rosa n’apparaît pas dans l’organigramme et qu’elle a un bébé, elle est libérée après 21 jours d'incarcération à la prison Saint-Joseph. Durant son emprisonnement, outre les interrogatoires musclés, elle a dû prétendre que son couple battait de l’aile, qu’elle ignorait tout des actions de son mari et se moquait de ce qui pouvait lui arriver. C’est une épreuve très dure, d’autant qu’elle a vu Jean et tous ses camarades violemment maltraités. D’abord menacé d’être guillotiné, Jean est déporté à Dachau, il en reviendra en 1945.

Rosa pendant ce temps ne peut pas rester sans rien faire, impossible de reprendre contact avec les FTPF, mais elle forme un groupe Franc composé de femmes et diffuse des tracts critiquant sévèrement le gouvernement de Vichy et invitant à la désobéissance civique. Mais au bout de trois mois, elle est à nouveau arrêtée, et à nouveau incarcérée à la prison Saint-Joseph, où la directrice l’accueille par un : « Encore vous ! ».

La petite Mireille est recueillie par ses grands-parents. Au sein de la prison, reconnue comme cheffe du groupe,  elle est classée « Politique ». Avec plusieurs camarades elle tient tête à ses geôliers se livrant à divers petits gestes de sabotage. Le 1er Juillet 1944,  elle est transférée au camp de transit de Romainville avant d’être déportée à Ravensbrück. À Ravensbrück, après la quarantaine que subissent toutes les nouvelles arrivées, elle est affectée au camp satellite de Ravensbrück, Aldendorf, près de Magdeburg, où elle est contrainte de travailler dans une usine souterraine installée dans une ancienne mine de sel pour fabriquer des V2, missile de l’armée allemande. Après le passages du Meister, les déportées s’empressent de dérégler les tours.

 

La vie au camp commence dès 3h ou 4h du matin, ça dépend de l’humeur des SS, les appels peuvent durer des heures, ils sont suivis d’une marche de 3h pour rejoindre l’usine. La journée de travail n’est entrecoupée que d’un bref moment où les déportées avalent une « soupe branlante » où nage une pomme de terre gelée, et un morceau de pain. Souvent elles en prélèvent un petit bout qui sera donner aux plus faibles. Rosa s’est souvenue toute sa vie de la solidarité qui a permis de survivre dans cet enfer, des gestes qu’elle a eu à l’égard de ses camarades et de ceux qu’elles ont eu quand à son tour elle a sombré dans le désespoir et est tombée malade. Elle se souvient notamment d’avoir été portée lors des 3 km de marche de retour pour ne pas se faire repérer et être sélectionnée pour l’extermination. Puis, c’est l’appel du soir et elles s’effondrent exténuées dans leurs châlits où elles dorment les unes sur les autres. Certaines ne se réveillaient pas. Rosa se souvient du corps d’une de leur camarades, resté plusieurs jours derrière les WC car on ne pouvait creuser le sol trop gelé pour l’enterrer.

Les gardiennes polonaises étaient encore plus vaches que les SS et Rosa préférait être battue à coup de bâtons par elles que par les gardiennes polonaises. 

La déportation de Rosa Arp-Brunel a duré 12 mois. Son camps a été libéré le 30 avril 1945 par les russes. Très malade, elle est transportée dans un hôpital suédois pour être soignée et opérée des poumons. Là, elle réussit à envoyer et recevoir du courrier et apprend le retour de son mari. Elle supplie son médecin suédois de pouvoir elle aussi rentrer, malgré son état précaire, il cède et elle est rapatriée en France par avion sanitaire. Elle arrive à Lyon, le 12 juillet 1945.

 

Rosa et Jean ont une seconde fille, Christiane, en 1946. Ils ont témoigné inlassablement auprès de lycéens et lycéennes, et en 2003, Paulette Besson, arrêtée en 44 avec Rosa Brunel, restitue son témoignage par écrit. Ce document a largement  inspiré cette notice. Rosa Brunel concluait tous ses témoignages par : « Il ne faut pas oublier, il ne faut pas recommencer. Maintenant, ça serait pire. »

 

Rosa Brunel figure dans l’immense recueil de Bruno Permezel Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2 824 engagements, ainsi que dans le tome 1 de Héroïques, femmes en résistance d’Antoine Porcu.

 

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