Severine

Journaliste et écrivaine féministe et libertaire française

Née le 27 avril 1855 à Paris, décédée le 24 avril 1929 à Pierrefonds (Oise), à l’âge de 73 ans.



 

Amie et collaboratrice du communard Jules Vallès, qui contribue à former son esprit naturellement rebelle, Séverine (de son vrai nom Caroline Rémy) est la première femme journaliste à vivre de sa plume. Sauvant de la faillite le journal de Vallès, Le Cri du Peuple, elle en devient rédactrice en chef à la mort de celui-ci. C’est dans cet organe socialiste qu’elle aiguise son style, aussi lyrique qu’incisif, avant de poursuivre sa route de libertaire affirmée et de publier ses articles dans près d’une centaine de quotidiens et revues, de tous bords, portée par un seul credo : « Avec les pauvres, toujours, malgré leurs erreurs, malgré leurs fautes… malgré leurs crimes ! » Séverine est de tous les combats de son temps, elle défend ardemment Dreyfus aux côtés de Zola, le pacifisme pendant la Grande Guerre, les anarchistes Sacco et Vanzetti, les ouvriers, les opprimés de tous horizons, à commencer par les femmes et notamment leur droit à l’avortement. Alors que la pratique du reportage est en train de révolutionner le journalisme de salon, elle relève ses jupons et descend dans la mine après la catastrophe de Saint-Étienne en 1890 où cent treize hommes viennent de périr. Mais Séverine ne fait pas que rendre compte de la misère avec un puissant talent d’évocation, elle lance aussi une souscription pour venir en aide aux familles des victimes. Les mots n’ont de sens pour elle qu’au service de son engagement social et humaniste. Avec son amie Marguerite Durand, elle fonde en 1897 La Fronde, journal féministe. Les milliers d’articles parus sous sa plume, s’ils constituent une véritable œuvre littéraire, sont avant tout les cris d’une éternelle insurgée, en révolte viscérale contre l’injustice, porte-parole flamboyante de tous ceux à qui on n’en accorde aucune. Figure incontournable et respectée du Paris de la Belle Époque, Séverine est proposée à plusieurs reprises par Anatole France et Romain Rolland au Prix Nobel de la Paix, vainement. Elle est membre de la Ligue des Droits de l’homme, de sa création en 1898 jusqu’à sa mort en 1929.

 

 

Article de Dorothée Lachmann

 

Dorothée Lachmann est l’autrice d’un mémoire de maîtrise en histoire contemporaine, intitulé « Séverine, le journalisme au féminin 1855-1929 », dirigé en 2001 par Nicolas Bourguinat à l’Université Marc Bloch de Strasbourg. 


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A écouter en ligne


 

"Je suis Séverine, rien que Séverine, une isolée, une indépendante."

 

 

La jeune femme subit toutes les humiliations, toutes les souffrances, tous les dégoûts ! Elle fut suppliciée dans sa dignité, dans sa chair, connut les nuits d’attente, les rentrées querelleuses, les semaines d’abandon, et les nauséeux partages, et le viol légal !…

 

Notes d'une frondeuse (1891)

Séverine 

 


A lire


Auguste Renoir 

Portrait de Séverine (Caroline Rémy)

(1885)

© National Gallery of Art, Washington

 

Amélie Beaury-Saurel 

Portrait de Séverine

(1893)

© Musée des Augustins, Toulouse