Violette Leduc

Femme de lettres française

Née le 7 avril 1907 à Arras, décédée le 28 mai 1972 à Faucon (Vaucluse), à l’âge de 65 ans.


 

Pionnière de l'auto-fiction, Violette Leduc a fait de sa vie la matière première de ses livres.

 

Violette Leduc est une écrivaine française, particulièrement novatrice dans son écriture de la sexualité des femmes. Sa vie est le matériau de son œuvre et est considérée comme une pionnière de l’auto-fiction.

 

Violette Leduc naît en 1907 dans le nord de la France d’un jeune homme de bonne famille qui ne la reconnaît pas et d’une mère, femme de chambre, dont elle est très proche. Son lien puissant et pas toujours simple avec sa mère et le fait d’avoir été abandonnée par son père marquent profondément et sa vie et son œuvre. Dès l’adolescence, elle est attirée par les femmes, ce qui ne l’empêchera pas d’avoir aussi des histoires d’amour avec des hommes, de tomber enceinte et d’avorter à plusieurs reprises. En 1925, elle entame une relation passionnelle avec Denise Hertgès (Cécile dans Ravages et Hermine dans La Bâtarde), surveillante au collège.

 

Elle travaille comme scénariste pour les éditions Synops et interviewe différents écrivains et écrivaines pour les éditions Plon, elle entre ainsi en contact avec le milieu littéraire.

Elle se lie avec Maurice Sachs, écrivain homosexuel à la personnalité scandaleuse et ambiguë (fleurtant autant avec la Collaboration qu’avec la Résistance) qui, en 1942, l’encourage à écrire. Elle entame durant la guerre le manuscrit de ce qui deviendra L’Asphyxie, souvenirs d’enfance et évocation de sa relation avec sa mère, publiée en 1946. Elle connaît avec L’Asphyxie un petit succès dans le milieu littéraire parisien, mais l'œuvre ne parvient pas jusqu’au grand public. En 1945, elle rencontre Simone de Beauvoir dont elle s’éprend sans que Beauvoir réponde à ses sentiments. Les deux femmes nouent cependant une relation d’amitié très fusionnelle. Leduc retrace cette relation dans L’Affamée, parue en 1948.

Les deux femmes s’écrivent beaucoup, Beauvoir la conseille, la critique, vivement parfois mais avant tout, elle admire le travail de Leduc. C’est une véritable relation d’inspiration et d’admiration mutuelle qui se crée et permet à Violette Leduc de s’insérer dans le milieu intellectuel et littéraire parisien.

 

L'œuvre de Violette Leduc se distingue par la manière vive et directe que l’autrice a de romancer les épisodes de sa vie, même si parfois elle se censure pour parvenir à la publication. Elle connaît un énorme succès avec La Bâtarde (1964)

 

Elle aborde de nombreux sujets, scandaleux à l’époque : scènes d’amour et de sexe entre femmes dans plusieurs de ses ouvrages (La Bâtarde, Thérèse et Isabelle, Ravages), avortement clandestin (Ravages, 1955), prostitution (La Folie en Tête, 1970)... Toutes ces thématiques font d’elle une autrice innovante, admirée ou fortement critiquée selon les critiques et souvent censurée.

L’érotisme lesbien affiché dans son œuvre, "Isabelle allongée sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. » secoue l’ordre patriarcal.

 

Ravages, publié par Gallimard en 1955, subit de nombreuses modifications dont la coupe de toute la première partie consacrée à Isabelle, son amante de pensionnat. Et si Thérèse et Isabelle, est publié 1966, comme un ouvrage à part entière, il l’est encore dans une version expurgée. Il faudra attendre l'an 2000 pour que l’ouvrage paraisse dans sa version intégrale.

 

Mais, ce n’est pas le scandale, mais bien la littérature qui occupe Violette Leduc, dans un souci constant de vérité, elle mêle réalisme et poésie, musicalité et oralité de de la phrase :

 

 

« J’essaie de rendre le plus exactement possible, le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l’amour physique. Il y a là sans doute quelque chose que toute femme peut comprendre. Je ne cherche pas le scandale mais seulement à décrire avec précision ce qu’une femme éprouve alors. J’espère que cela ne semblera pas plus scandaleux que les réflexions de Molly Bloom à la fin de l’Ulysse de Joyce. Toute analyse psychologique sincère mérite, je pense, d’être entendue. » dit-elle dans un entretien à propos de l’affamée, en 1951 (Actualité du livre” de Claudine Chomez, 29 mars 1951)

 

Elle meurt le 28 mai 1972, quelques mois plus tard sort La chasse à l'amour chez Gallimard, qui publiera en 2000 Thérèse et Isabelle dans sa version non expurgée. Les éditions du Chemin de fer ont publié entre 2006 et 2014 trois textes inédits (Je hais les dormeurs, Correspondance 1945-1972, La main dans le sac) .

 

Article de Manon Bochet-Marquis

Titulaire d'un Master de Genre, Littérature et Culture

durant lequel elle a travaillé sur Violette Leduc

 

 

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