Marie-Hélène Lefaucheux

Femme politique et résistante française

© Assemblée Nationale
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Née le 26 février 1904 à Paris, décédée le 25 février 1964 au dessus du lac Pontchartrain (USA), à l’âge de 59 ans.



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Marie-Hélène Lefaucheux, née Postel-Vinay, est une des deux premières femmes admises à l'Ecole des Sciences Politiques.

Le 18 mai 1940, son jeune frère Roger est tué au combat et lorsque son frère André l'informe des actions qu'il mène contre les Allemands, notamment pour le réseau Pat'O'Leary (spécialisé dans la recherche des aviateurs alliés tombés en territoire occupé et chargé d'organiser leur rapatriement via l'Espagne.) et le réseau du Musée de l'Homme, elle décide immédiatement de l'aider. En juillet 1940, sous sa direction elle recherche des renseignements, des locaux pour les appareils émetteurs, récupère des armes et vient en aide aux évadés : faux papiers, planque et convoyage. Le 14 décembre 1941, André est  arrêté et interné, grièvement blessé, à la Pitié. 

Depuis le printemps 1942, elle est en contact avec Yvonne Baratte qui distribue des livres dans les prisons et les camps et y joint des paquets quand elle le peut. Avec l'aide d'Yvonne, elle établit un système de communication entre les détenu.es des prisons parisiennes et l'extérieur. Ce système, en liaison avec le service social des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) de la zone Sud, donnera  naissance plus tard au COSOR (Comité des œuvres Sociales de la Résistance). En octobre 1942, elle prend contact avec l'OCM (Organisation Civile et Militaire grand mouvement de la Résistance intérieure) l’un des  huit mouvements qui constituent le Conseil national de la Résistance de mai 1943. Elle intègre son état-major. Elle est plus particulièrement chargée des liaisons avec les représentants de la France Libre (Bingen, Parodi...) et avec les autres mouvements de Résistance, notamment Défense de la France.

Alors que son mari, un des dirigeants de l'OCM, devient responsable des FFI d'Ile-de-France, Marie-Hélène Lefaucheux devient la représentante de l'OCM au Comité parisien de Libération à partir de mars 1944. Son mari  arrêté le 3 juin 1944 est déporté le 15 août. Prévenue du départ du convoi de la prison de Fresnes, elle le suit jusqu'à Bar-le-Duc avec l'espoir de le faire libérer en application des accords Nordling (accords intervenus entre Raoul Nordling et le Militär Befehlshaber in Frankreich) le 17 août 1944 relatif à la libération des détenus politiques des prisons parisiennes. Le 18 août, elle se résigne à regagner Paris  et rejoint son poste au Comité parisien de Libération. Le 27 août, elle repart vers l'Est, avec une voiture prêtée par la Croix-Rouge, toujours avec l'espoir de faire libérer son époux. Arrivée à Nancy, elle y apprend que son mari se trouve à Buchenwald. Grâce à des amis, elle réussit à rencontrer le chef de la Gestapo de Metz, soucieux de mettre sa famille en sécurité en Allemagne et de rendre in extremis quelques services à des Français pour se dédouaner. Il accepte de l'aider et signe un ordre de transfert de Pierre Lefaucheux de Buchenwald à la Gestapo de Metz. Le 3 septembre 1944, Marie-Hélène et son mari sont de retour à Paris.

Elle s’occupe alors du rapatriement des déportés pour faciliter et surtout accélérer leur retour en France. Elle obtient d'André Diethelm, ministre de la Guerre, un ordre de mission auprès du général de Lattre Elle part pour Buchenwald, Bergen-Belsen, Dora pour regrouper les déporté.es français.es et organiser leur rapatriement.  

Membre de l'Assemblée consultative provisoire et du Conseil municipal de Paris dont elle devient par la suite vice-présidente, de 44 à 45. Elle est parmi les premières françaises élues députées. Députée MRP de l'Aisne de novembre 1945 à juin 1946, elle est ensuite Conseillère de la République (déc 1946- déc 1947). Puis,  c’est le temps de la politique internationale et nationale.

Elle joue un rôle essentiel dans la promotion des droits des femmes en France comme à l’ONU, notamment à travers sa participation à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 dans laquelle elle réussit à faire introduire une mention de non-discrimination fondée sur le sexe dans l’article 2.

« Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.»

 

De 1946 à 1959, elle fait partie de la délégation française à l'ONU où elle représente la France à la Commission de la condition de la Femme qu'elle dirige pendant six ans. Elle est aussi vice-présidente du Conseil international des femmes de 1954 à 1957, puis présidente de 1957 à 1963.

Elle est également, de 1959 à 1962, membre du Conseil économique et social. Parallèlement, elle est devenue depuis 1954 Présidente du Conseil national des femmes françaises. 

Marie-Hélène Lefaucheux  décède le 25 février 1964 dans un accident d'avion près de la Nouvelle-Orléans en revenant de Mexico où comme déléguée de la France à la Commission des Droits de l'Homme aux Nations Unies, elle est allée s'entretenir avec la présidente mexicaine de la Commission de la Condition de la Femme pour mettre au point la création d'un Conseil National des Femmes au Mexique. A sa mort le Conseil international des femmes déclare que « Madame Lefaucheux avait un cerveau d’homme d’Etat et un esprit de combat indomptable pour les progrès en faveur de d’éducation des femmes et de leurs droits. » Si/Si aurait dit, Madame Lefaucheux avait un cerveau de femme d’Etat !

 

Article rédigé par Danièle Soubeyrand


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