Louise Moillon

Peintresse française

Nous n'avons pas de portrait de Louise Moillon, ceci est un détail de son tableau "La Marchande de fruits et légumes " (1630) © Musée du Louvre
Nous n'avons pas de portrait de Louise Moillon, ceci est un détail de son tableau "La Marchande de fruits et légumes " (1630) © Musée du Louvre

Née en le 25 décembre 1609 ou le 1er 1610 à Paris, décédée en 1695 à Paris, à l’âge de 85 ans.


Louise Moillon est une peintresse française du 17ème siècle, spécialisée dans la représentation de nature morte, et plus particulièrement, des compositions de fruits. 

Elle naît dans un milieu artistique. Son père Nicolas Moillon est peintre et marchand de tableau, sa mère Marie Gilbert est la fille d’un orfèvre. Le père de l’artiste meurt quand elle a dix ans et sa mère se remarie avec François Garnier, qui peint des natures mortes et vend aussi des tableaux. Il reconnaît le talent précoce de Moillon et perfectionne son apprentissage artistique, tout en concluant un accord avec elle pour vendre ses tableaux. 

Louise Moillon se lance dans la peinture de manière professionnelle, ce qui était rare à l'époque pour une femme, tout comme le fait d’avoir une indépendance financière. Elle se marie tardivement pour l’époque également, en 1640, à Etienne Girardot de Chancourt, un marchand de bois de construction. Sa production artistique diminue progressivement à partir de son mariage. En 1680, son mari meurt et les difficultés financières s’accumulent. Protestante, elle doit abdiquer sa foi et se convertir au catholicisme pour éviter qu’on lui confisque ses biens. Elle laisse cependant un testament ambigu suggérant qu’elle n’a jamais vraiment abandonnée sa foi protestante. 

Les peintures de Louise Moillon sont presque exclusivement des natures mortes, même si elle intègre parfois des figures humaines (La marchande de fruits et légumes 1630) ce qui lui permet de
« mettre en scène » les compositions de fruits qu’elle aime peindre. Sa peinture est très appréciée et elle vend des toiles à des mécènes prestigieux comme le roi Charles Ier d’Angleterre. 

L’histoire de l’art lui rend peu hommage, même si elle est citée dans quelques ouvrages. George de Scudéry, qui rédige un catalogue des collections de Toulouse en 1864, souligne que si l’artiste n’avait pas signé et daté ses œuvres, elle ne serait pas passée à la postérité car il n’existe pas de biographies à son propos. Jusqu’au XXème siècle, quand on mentionne cette artiste, on la traite la plupart du temps avec condescendance, un femme pratiquant un genre mineur, avec des thèmes domestiques et on s’intéresse peu à la réelle qualité de l’œuvre. En 1965, Jacques Wilhem écrit à son propos «L’immobilité est la marque de son art. On sent chez elle l’âme d’une bourgeoise qui range tout en bon ordre et fait l’inventaire de ses provisions. Elle possède aussi, comme il se doit, le talent d’une bonne maîtresse de maison à dresser le couvert, à arranger un panier de fruits avec élégance». Puisqu’elle est femme, elle peint des natures mortes qui deviennent alors « ménagères » (les compositions de fruits et légumes ayant été peints largement par des artistes masculins, aucun n’a jamais été associé à cet aspect domestique !). 

Heureusement, cette dernière est réhabilitée dans les années 70 par l’historienne de l’art Ann Sutherland Harris qui souligne son inventivité. Deux ouvrages publiés récemment lui sont consacrée, celui de Helen Chastain Sowa qui propose une monographie en anglais en 1998 Louise Moillon Seventeenth Century Still-Life Artist et en 2009 un catalogue de Dominique Alsina, spécialiste de l’artiste. 

Il est important de reconnaître le talent de Louise Moillon, car elle ne peignait pas sans réflexion des fruits qu’elle se serait amuser à disposer joliment. La composition est réfléchie et irrégulière. Les fruits débordent, quelques groseilles sont laissées au milieu, un abricot ouvert en deux crée un déséquilibre. Ce qui accroche l’œil, ce sont les jeux de lumières et textures, la manière dont la lumière va nous révéler la brillance opaque de la peau d’une cerise, la transparence d’un grain de raisin, le velouté mat d’une pêche ou l’humidité d’une tranche de melon. 

L’éclairage souligne aussi une certaine austérité de l’environnement, qui peut s’expliquer par une influence de la foi protestante ou une inspiration de l’art flamand, Louise Moillon fréquentant une colonie d’artistes hollandais ayant dû fuir leur pays et s’étant installés à Saint-Germains des Prés. 

 

Marine Laboureau

Etudiante en Histoire de l’Art à l’Université Lyon II,

 en stage chez Si/si au printemps 2020

 

En savoir +

1 - Nature morte avec un panier de fruits et une botte d'asperges (1630) © Art Institut of Chicago.  2 - La Marchande de fruits et légumes (1630) © Musée du Louvre, Paris. 3 - Nature morte aux cerises, fraises et groseilles (1630) Norton Simon Museum, Passadena 4 - Panier de fruits, jatte de fraises, asperges et artichauts (1637) © Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. 5 - Nature morte à la coupe de cerises et melon (1633) © Musée du Louvre, Paris. 6 - Plat aux prunes (1637) © Musée des Beaux-Arts de Strasbourg. 7 - Nature morte aux mûres avec des abricots (1641) Musée des Augustins de Toulouse. 8 - Abricots © Collection privée

 

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