Scientifique et illustratrice française
Née le 20 janvier 1758 à Montbrison dans la Loire, décédée le 10 février 1836 à Paris, à l’âge de 78 ans.
Issue d'une famille aisée, son père, Jacques Paulze, est contrôleur général des finances, après la mort de sa mère (quand elle a 3 ans), Marie-Anne Paulze est placée dans un couvent où reçoit l'éducation classique des jeunes filles de bonnes familles, tout en affirmant un goût prononcé pour les sciences et le dessin. Jeune fille précoce, elle brille en société et l'influente baronne de la Garde veut la marier à son frère malade âgé de 50 ans. Jacques Paulze s'y oppose et pour sauver sa fille d'un jeu d'influence et de pouvoir dangereux, il la marie à un brillant scientifique pour lequel elle marque un intérêt, Antoine-Laurent de Lavoisier qui a tout de même 15 ans de plus qu'elle.
Le couple n'aura pas d'enfant et sera indissolublement soudé par leur amour des sciences.
Un an après leur mariage, en 1772, à l'âge de 29 ans, Antoine-Laurent de Lavoisier devient membre de l'académie des Sciences en tant qu'adjoint-chimiste. En 1775, il prend la direction de la Régie des poudres et du salpêtre. Le couple s'installe dans le logement de fonction à l’Arsenal. Marie-Anne Paulze, devenue Marie-Anne de Lavoisier, assiste son mari dans son travail de laboratoire. Ce dernier, ainsi que ces assistants vont lui donner une solide formation de chimiste. Dans un premier temps, Lavoisier cherche à améliorer le rendement agricole et confie à son épouse différentes enquêtes pour évaluer la façon dont les agriculteurs gèrent leurs moissons, mais aussi la mise en place de plusieurs expériences nouvelles sur le terrain. Mais de manière générale, elle prend part à toutes ses expérimentations et l'on trouve dans les registres du laboratoire de nombreuses notes et remarques écrites par elle. En outre, à la différence de son épouse, Antoine-Laurent de Lavoisier n'est pas doué pour les langues, c'est Marie-Anne Paulze de Lavoisier qui va apprendre le latin, l'anglais et l'italien et traduire plusieurs textes scientifiques (Priestley, Cavendish, Dandolo, etc). En 1788, elle signe une traduction annotée et commentée de l'essai sur le phlogistique du chimiste irlandais Richard Kirwan. Kirwan soutient qu'un élément-flamme se trouve contenu dans tous les corps combustibles, théorie que récuse le couple Lavoisier et qui sera totalement récusée par la mise en évidence par Lavoisier de la présence d'oxygène dans l'air qui, lui, participe au processus de combustion. La réfutation est incluse dans les notes que Marie-Anne Paulze de Lavoisier intègre à sa traduction de l'ouvrage qui déclenchera une importante polémique. Le couple Lavoisier est au sommet de sa gloire, et la même année Marie-Anne demande au peintre David auprès duquel elle prend des cours de dessin, de faire leur portrait (ci-contre).
Car l'autre apport de Marie-Anne Paulze de Lavoisier à la science sont ses dessins. Elle est en effet l'autrice de toutes les planches qui illustre le Traité de Chimie de Lavoisier dont elle assurera également l'édition du second volume après la mort de son mari. Elle réalise aussi deux planches où l'on voit tous les scientifiques au travail dans le laboratoire de Lavoisier et dans lesquelles elle se représente elle-même (ci-contre).
Antoine de Lavoisier et Jacques Paulze sont arrêtés le 28 novembre 1793, lors de la Terreur, leurs biens sont confisqués et ils sont guillotinés le 8 mai 1794. Le choc est terrible, Marie-Anne Paulse Lavoisier ne s'en remettra jamais vraiment. Elle est elle-même emprisonnée 65 jours avant d'être relâchée et de fuir dans le Jura où elle mène une vie discrète tout en se bagarrant pour faire éditer les 4 volumes des Mémoires de chimie d'Antoine-Laurent de Lavoisier.
En 1805, revenue à une vie plus mondaine à Paris, elle épouse le comte de Rumford, éminent chimiste anglais installé à Paris, tout en insistant pour se faire appeler Marie-Anne Lavoisier de Rumford, ce qui déplaît fortement à ce nouvel époux. L'homme est difficile, tient les femmes pour inférieures aux hommes et n'entend pas l'intégrer à ses recherches, les disputes sont de plus en plus fréquentes, le couple se sépare en 1806 et divorce en 1809.
Elle reste jusqu'à la fin de sa vie, une personnalité importante, considérée comme la porte-parole de la révolution chimique. Dans son salon, où trône le grand portrait réalisé par David, se croisent d'importants scientifiques (Cuvier, Humbolt, Araogo,…), elle donne encore des bals, mais, aux dires de ses contemporains, "sa bienveillante brusquerie" frôle parfois la démence.
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A lire
Portrait de Monsieur de Lavoisier et de sa femme Marie-Anne Pierette Paulze par Jacques-Louis David (1788) © Metropolitan Museum of New York
Une des 13 planches du Traité élémentaire de chimie
Le laboratoire de Lavoisier par Marie-Anne Paulze, qui se représente assise à droite.