Adèle Hugo

Diariste française

Née le 28 août 1830 à Paris, morte le 21 avril 1915 à Suresnes, à l'âge de 84 ans.

 

Fille de Victor Hugo et Adèle Foucher, Adèle Hugo fut déclarée folle, cependant on s'interroge aujourd'hui, ne s'agissait-il pas plutôt d'une profonde dépression, celle d'une jeune femme talentueuse écrasée par la tyrannie de son génie de père ?



Il y eut Adèle I (la mère) - communément appelée ainsi par ses biographes.

 

Et puis, il y eut  Adèle II (la fille), la petit dernière, celle dont la naissance fait fermer, par Adèle I, sa porte et son lit à  Victor Hugo.

 

Une idylle s’en suit entre Adèle I et Sainte-Beuve, l’ami de famille, .

 

Victor se console, entre autres, dans les bras de Juliette Drouet.

 

Adèle II, elle, ne rêve pas d'amour : 

 

 « Etre mademoiselle Dante ou mademoiselle Shakespeare, n’est-ce pas un idéal supérieur à tout mariage ? »

 

Journal d'Adèle

 

1843, après la noyade tragique de sa sœur adorée, Léopoldine, Adèle II entame son obligatoire vie mondaine. Balzac dit d’elle :

 

« J’ai diné hier à la place Royale, La seconde fille d’Hugo est la plus grande beauté que j’aurai vue de ma vie. Elle  n’a que quatorze ans, mais elle sera. »

 

 

1852. Adèle II a 22 ans, elle passionnée de musique et c'est une pianiste remarquable. 1852.  Victor Hugo est sur la liste des bannis pour s'être opposé au coup d'état du futur Napoléon III. C'est l'exil.  

 

 

Guernesey

 

  

Ennui

 

 

Repli sur elle-même. Dépression ?

 

 

« Qu’est-ce qui pourrait rendre ce qui de passe en moi depuis quelques temps ? Tantôt j’ai de violentes aspirations vers le grand idéal (…) tantôt je regrette mon passé, ma candeur (…) Alors, alors je me dis pourquoi ne pas en terminer avec cette vie (…) où tout est vanité et corruption ? 

 

Journal d'Adèle

 

 

Seule la musique l'apaise, elle compose.

Mais Hugo ne supporte pas le piano…

 

Elle peint et se met à tenir le journal de Guernesey, rapportant les hautes discussions qui s’y tiennent et faisant le compte rendu des allers et venues des illustres visiteurs de son père. Parfois Hugo corrige de sa main quelques passages.

 

La première rencontre entre Albert Pinson et Adèle a lieu à Guernesey,

 

Flirt, première étreinte. Albert Pinson, même s’il semble peu probable qu’il ait demandé la main d’Adèle, est un gendre jugé inacceptable par Victor Hugo.

 

 

Adèle refuse de nombreuses demandes en mariage qui, elles, auraient eu l'aval d'Hugo.

 

 

Elle fait ce qu’il est convenu d’appeler une fixation sur Albert Pinson. Elle le reverra à Londres, son journal rapporte qu’ils auraient eu des relations sexuelles. Pour forcer son amant à l’épouser, elle prétend être enceinte.

 

  

Le lieutenant Pinson s’embarque pour Halifax.

 

 

18 juin 1863, elle a 33 ans, Adèle fuit la maison de son père pour rejoindre Albert Pinson à Halifax.

 

 

l’épouser

 

l’épouser

 

l’épouser

 

 

La famille Hugo panique, c’est essentiellement François-Victor,  le frère et « le chevalier servant d’Adèle », qui suit l’affaire.

 

 

Adèle prétend avoir épouser Albert Pinson à Halifax.

 

 

« Je crois Adèle sur parole… J’ai mis M. P. en demeure de m’envoyer l’acte de mariage… Adèle a pris sa destinée en mains… »

 

François Victor Hugo à son frère Charles 

Octobre 1863

 

Hugo est fou de rage.

 

 

« … je m’étonne de ne pas trouver cette indulgence chez un penseur tel que toi. Lequel de nous, en s’examinant, pourrait affirmer qu’il n’a pas sacrifié les convenances et risqué son honneur devant la passion ? »

 

Adèle I (la mère) à Victor Hugo

Octobre 1863

 

 

 

Le mariage n’a pas eu lieu, Adèle pensait forcer la main d’Albert, elle n’y a pas réussi.

 

  

«  Ma chère petite mère, Adèle nous a trompés, comme elle a trompé tout le monde. Le mariage n’est pas fait. »

 

François Victor Hugo 

 Novembre 1863

 

 

« La pauvre enfant est égarée par cette passion dans l’irréalisable »

 

 

François Victor Hugo à son frère Charles

 Décembre 1863

 

 

 

Adèle espère convaincre un hypnotiseur d’endormir Albert et de les marier durant le temps de l’hypnose. L’hypnotiseur demande une somme faramineuse…

 

 

Albert Pinson se marie (avec une autre) et part pour la Barbade. Adèle le suit et "perd ce qui lui reste de raison" - ou plonge dans une profonde dépression ? - arpentant les rues par 40°C dans ses fourrures d’Halifax. 

 

 

Madame Bàà la recueille, la soigne et finit par la ramener à son père. 12 ans se sont écoulés, depuis qu'ils se sont vu.e.s. Hugo a perdu sa femme et tous ses enfants. Il fait interner Adèle. On est en 1872. Elle demeura enfermée jusqu'à sa mort, en 1915. C'est-à-dire 43 ans.

 

 

Adèle était-elle folle ou le génie qui courait en elle n’a-t-il pu se fixer que sur un homme ? L’Histoire des Femmes s’écrit sur plusieurs générations, elle n’en est qu’à ses balbutiements. La mort et la folie rodent. 

 

Texte d'Anne Monteil-Bauer

accompagnant son installation Adèle II 

Entremêlé à ce texte, l'extrait du journal d'Adèle cité en rose en haut de la page

 

En savoir +

"Cette chose incroyable de faire qu’une jeune fille esclave au point de ne pas pouvoir sortir seule cinq minutes pour aller acheter du papier, marche sur la mer, aille sur la mer, passe de l’ancien monde au nouveau monde pour aller rejoindre son amant ; cette chose-là, je la ferai.

 

Cette chose incroyable de faire qu’une jeune fille qui n’a pas aujourd’hui d’autre morceau de pain que celui dont son père lui fait l’aumône, ait d’ici quatre ans de l’or dans ses deux poches, de l’or honnête, cette chose-là, je la ferai.

 

Cette chose incroyable  de faire, qu’une femme clouée sous le même toit qu’un homme qui l’aime passionnément, s’en sépare, sans éclat et même sans désespoir, cette chose-là, je la ferai."

 

Extrait Journal d'Adèle Hugo

A lire

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Photo dite  "Adèle à l’ombrelle" © son frère, Charles Hugo, (1853/1854), Maison de Victor Hugo, Paris. Adèle II © Anne Monteil-Bauer