Edith Wharton

Femme de lettres américaine

© Library, Yale University
© Library, Yale University

Née le 24 janvier 1862 à New York, morte le 11 août 1937 à Saint-Brice-sous-Forêt  (Val d’Oise), à l’âge de 75 ans.

 

Première femme à recevoir le prix Pulitzer. 


Née Edith Newbold Jones dans la haute société new yorkaise, son enfance est faite de longs voyages en France, en Allemagne et en Italie. 

Enfant à l'intelligence et à la sensibilité hyper développées, Edith Wharton apprend à lire toute seule et aime les livres avant même de savoir les déchiffrer. En observant les adultes, elle invente des histoires et préfère le plus souvent son monde imaginaire aux jeux des enfants.

En 1872, elle a dix ans quand sa famille rentre à New York, "Je n’avais que dix ans, mais j’avais été nourrie de beauté depuis que j’étais toute petite, et ma première pensée fut : « Comme c’est laid ! » Cette idée ne m’a plus jamais quittée, et je me suis toujours sentie en exil en Amérique", écrit-elle dans son autobiographie Les Chemins parcourus

En 1885, elle épouse Edward Robin Wharton, le mariage est un échec et se soldera par un divorce en 1913.

Bien que ne cessant d'écrire, elle attend 1905 pour publier son premier roman, Chez les heureux du monde, très bien accueilli par la critique. "L’accueil de mes livres me donna la confiance en moi dont j’avais si longtemps manqué, et en compagnie de gens qui partageaient mes goûts, et qui me traitaient en égale, je cessai de souffrir de l’atroce timidité qui avait ôté tout plaisir à tant de rencontres ", écrit-elle dans Les Chemins parcourus.

 

Grande observatrice de son milieu, elle décrit avec une une ironie cruelle et élégante, le sort réservé aux femmes dans le monde dit de la bonne société. Monnaie d'échanges sociaux, elles étouffent dans des mariages décrits comme des prisons dont on ne peut sortir. "Le mariage est un long sacrifice" écrit-elle dans Le Temps de l'innocence.

Son œuvre est aussi parcourue de son immense sensibilité à la nature et à la poésie. « Elle était aveugle et insensible à bien des choses et elle le savait obscurément ; mais à tout ce qui était air, lumière, parfum et couleur, chaque goutte de sang répondait en elle. » écrit-elle, à propos de son héroïne, Charity, dans Été.

A partir de 1907, elle vit entre Paris et New York. Après son divorce, elle vivra principalement en France. 

Pendant la Première Guerre mondiale, elle fonde les American Hostels for Refugees, collecte des dons et visite les hôpitaux du front. Pour financer ce projet, elle édite The Book of the Homeless avec le soutien de nombreux et nombreuses artistes (voir ci-contre). Elle fait également paraître une série d'articles réunis sous le titre Voyage au front, de Dunkerque à Belfort. Elle est décorée pour ses actions de la légion  d'Honneur.

 

En 1921, elle est la première femme à recevoir le prix Pulitzer pour son roman Le Temps de l'innocence.

Elle sera également la première femme à être faite Docteur honoris causa de l'Université de Yale (Connecticut).

Autrice prolifique, elle a écrit 47 romans, nouvelles, recueils de poésie et essais.

Critique sans concession de son milieu, elle en est en même temps, paradoxalement, une active et importante actrice. 

Tiraillée entre son éducation, sa vie mondaine et son désir de liberté, toute sa vie, elle a écrit le matin, de 6h à 11h, dans sa chambre, à l'abri des regards. Elle raconte dans ses mémoires qu'elle avait "pris l'habitude chez {elle} de dissimuler ses entreprises littéraires", car "c'était inconvenant pour une femme".

Son écriture est dense, précise et tranche dans le réel comme une lame de rasoir. 

Grande voyageuse, Edith Wharton lie des amitiés avec de nombreux auteurs et autrices en Europe et aux Etats-Unis. En particulier Henry James, avec lequel elle correspond pendant 15 ans, et Anna de Noailles, à propos de laquelle elle écrit dans ses mémoires que sa conversation "faisait songer à d’éblouissants feux d’artifice."

Elle meurt d'une crise cardiaque en 1937 et est enterrée à Versailles.

 


En savoir +

— Sans doute vous êtes-vous dit que de m’épouser vous reviendrait moins cher que de prendre une servante. Tout le monde sait que vous êtes l’homme le plus avare du pays ; mais soyez assuré que ce n’est pas moi qui vous recoudrai vos boutons pour rien.

 

 

Été  (1917)

Edith Wharton


A lire

A voir


 

The Book of the Homeless, Le Livre des Sans-foyers,

édité par Edith Wharton, avec la contribution de nombreux et nombreuses artistes français, anglais et italiens et pour financer les American Hostels for Refugees.

Edith Wharton a traduit de l'italien et du français en anglais tous les poèmes et textes en prose du recueil.

On notera la présence de plusieurs contributrices (même si elles ne sont, avec Edith Wharton, que 11 sur 40, pas encore la parité…) : Sarah Bernhardt, Eleonora Duse, Alice Meynell, Anna de Noailles, Josephine Preston Peabody, Lilla Cabot Perry, Agnes Repplier, Edith M. Thomas, Mary Augusta Ward, Margaret L. Woods.

 

Consulter le livre sur The Project Gutenberg : ici