Nancy Wake

Journaliste australienne, héroïne de la résistance française

© Australian War Memorial (1945)
© Australian War Memorial (1945)

Née le 30 août 1912 à Wellington en Nouvelle-Zélande, morte le 7 août 2011 à Londres à l’orée de ses 98 ans.

" En temps de guerre, je ne vois pas pourquoi nous, les femmes, devrions nous contenter d'agiter fièrement nos mouchoirs pour saluer le départ des hommes au combat tout en leur tricotant des passe-montagnes."

 

Nancy Wake


 

 

Femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, Nancy Wake a fuit sa famille et son pays, l'Australie, à l'âge de 16 ans pour vivre sa vie comme elle l'entendait. Après avoir suivi des études pour devenir infirmière, elle s'inscrit dans une école de journalisme en Angleterre et travaille en free lance pour un groupe de presse américain à Paris. Installée dans un appartement rue Sainte-Anne, elle mêne une vie de dandy au cœur des années 30 écumant cafés et fêtes qu'elle ensoleille de son esprit frondeur et indépendant. En 1935, au cours d'un reportage qui la mène à Vienne et à Berlin, elle assiste à des scènes de violences antisémites qui la marquent à jamais et qui sont à l'origine de son engagement. "J'étais consciente des horreurs du totalitarisme et je savais aussi que la liberté devait se défendre même au prix de notre liberté individuelle." En 1936, elle rencontre à Marseille l'industriel Henri Fiocca qu'elle épouse en 1939. Quand la France entre en guerre, elle s'engage comme ambulancière et, dès la capitulation, le couple entre dans la Résistance en rejoignant le réseau d'évasion de Pat O'Leary.

Recherchée par la Gestapo qui la surnomme "La souris blanche", elle est arrêtée le 2 mars 1943, interrogée et torturée pendant plusieurs jours. Elle ne révèle pas sa véritable identité et est finalement libérée. Elle rejoint alors Londres en passant par l'Espagne, après un périple de plusieurs mois qui la mène à Toulouse où elle croise Marie-Louise Dissard, dite Françoise. 

En Angleterre, elle tente de rallier la France Libre, qui refuse ses services, mais est recrutée par le SOE (Service Operation Executive). Après une formation de plusieurs mois, elle est parachutée en France dans le Cantal en tant que courrier du réseau FREELANCE dirigé par John Farmer dit Hubert qui couvre toute l'Auvergne. Sa mission consiste en réalité à distribuer armes et argent aux différentes organisations résistantes et à les préparer au débarquement des Alliés. Elle s'occupe également de coder les messages envoyés à Londres. Elle a accompli de nombreuses missions périlleuses et combattu les armes à la main, notamment lors de l'attaque du quartier général de l'armée allemande à Montluçon qu'elle a elle-même pilotée. Mais, raconte-t-elle dans ses mémoires, c'est de la mission qui l'a obligée à faire 500 km à vélo en 72 heures pour trouver un nouvel opérateur radio qu'elle est la plus fière.

A la Libération, elle apprend que son mari, arrêté par la Gestapo, a été assassiné. Elle repart en Angleterre,  puis en Australie où elle s'engage un temps en politique au sein du Parti Libéral de la Nouvelle-Galles du Sud. Lors d'une campagne électorale, elle est diffamée par l'opposition réactionnaire qui s'en prend à sa modernité et à son indépendance (il lui est, entre autres, reproché de ne pas porter de bas et de boire de la bière… !). Après avoir perdu les élections et rencontré son futur second mari, John Forward, pilote dans la Royal Air Force, elle repart pour l'Angleterre où elle travaille pour le service de renseignements du British Air Ministry. Elle suivra ensuite son mari dans une mission à Malte, à la fin de laquelle le couple s'installe en Australie. Mais c'est en Angleterre que Nancy Wake après la mort de son mari 1997, décide de terminer ses jours et en France, au dessus du Château de Fragne, près de Montluçon, qui avait accueilli un temps ses activités de résistante, qu'elle a voulu que ses cendres soient dispersées.

Cette femme d'un tempérament et d'un humour exceptionnels a rédigé en 1985, à l'âge de 73 ans, de délicieuses mémoires dans lesquelles elle raconte avec une énergie extraordinaire une vie dont plusieurs fois on a tenté de faire des films, mais il est difficile d'être à la hauteur d'un destin pareil…  

Morte à l'âge de 98 ans, elle buvait six gins par jour !

Et dans une de ces dernières interviews, elle a déclaré : " Si un gars comme Saint-Pierre existe, je vais lui faciliter la tâche tout de suite : je plaide coupable pour absolument tout. "

 

 

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