Sage-femme, gynécologue, obstétricienne et théoricienne française
Née en 1563 à Paris ou à Mons, morte le 20 décembre 1636 à Paris, à l’âge de 72 ou 73 ans.
Première femme à écrire un traité d'obstétrique, Louise Boursier était la sage-femme attitrée de Marie de Médicis.
Louise Boursier nait en 1563 dans une famille aisée, elle reçoit une éducation assez solide pour une fille, l'époque les détournant des savoirs. Elle épouse, à l'âge de 21 ans (en 1594), Martin Boursier aide-chirurgien-barbier des armées, assistant d'Ambroise Paré, considéré comme le père de la médecine moderne. Elle aura avec lui cinq enfants, mais surtout, à ses côtés et en lisant les essais d'Ambroise Paré, elle va se former à l'anatomie et acquerra ses premiers rudiments de médecine.
Pour faire vivre ses trois enfants, quand son mari est retenu par la guerre, elle apprend le métier de sage-femme. Si elle obtient son diplôme en novembre 1598, elle accouchait déjà des femmes de toutes catégories sociales "des petites gens à plus huppés" écrit-elle, et se fait une réputation telle, notamment auprès des dames de la cour, qu'elle devient la sage-femme attitrée de Marie de Médicis, reine de France et de Navarre, épouse d'Henri IV, qui deviendra régente à la mort de ce dernier, en 1610, jusqu'en 1617, date de l'accession de son fils Louis XIII au trône. Elle accouche les six enfants de la reine, elle est payée 500 couronnes pour la naissance d'un garçon, 300 pour la naissance d'une fille !
En 1609, elle publie Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, ouvrage qui sera traduit en latin, en allemand et en hollandais et qui fera longtemps autorité.
Ce texte est remarquable à plusieurs titres, d’abord il est écrit par une femme à une époque où elles sont exclue de l'exercice de la médecine, même si elle s’incline devant l’idée de la supériorité des hommes (peut-être pour pouvoir se faire sa place ?).
Louise Boursier y défend l’idée que les femmes sont plus à même de comprendre et soigner les corps des femmes, et demande que celles-ci soient autorisées à suivre les cours d’anatomie et de dissection à l’Université, ces connaissances lui apparaissant comme fondamentales car son diagnostique est basé sur le toucher. Elle insiste sur l’importance de lutter contre la douleur et sur l’hygiène de vie de la mère pendant de la grossesse, mettant en relation la nutrition de la mère avec le développement du fœtus. Elle affirme en outre que la stérilité peut aussi venir de l’homme. Elle est également pionnière de l’idée d’avortement thérapeutique, dans les cas « où il faut promptement accoucher une femme à quelque terme que ce soit, pour conserver sa vie », elle décrit l’opération qu’il faut pratiquer, sans se cacher de l’avoir elle-même réalisée, et s’oppose à l’idée qu’il faudrait « laisser faire la nature ».
À une époque où la médecine qui a exclu les femmes, tente de se débarrasser aussi des sages-femmes, traitées de « matrones » et seules à continuer à s'imposer dans le monde médical, elle se fait évidemment beaucoup d’ennemis.
Après le décès de Marie de Bourbon-Montpensier, belle-fille de la Reine, lors de l’accouchement de sa fille, la Grande Mademoiselle, en 1627, les médecins de la cours s’empressent de lui faire porter le chapeau et la discréditent violemment. Elle tâche de se défendre dans un texte intitulé Apologie de Louyse Bourgeois, dite Boursier, contre le rapport des médecins, mais elle est exclue de la cour.
Elle continuera à écrire pour transmettre ses savoirs et à former quelques élèves, lesquelles demanderont à la Faculté qu’elle puisse y donner des cours. Leur pétition sera rejetée.