Avocate, militante féministe, femme politique et autrice franco tunisienne
Née le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie, décédée le 28 Juillet 2020 à Paris, à l'âge de 93 ans.
Gisèle Halimi naït Zeiza Gisèle Élise Taïeb à la Goulette en Tunisie, alors sous protectorat français, dans une famille juive pratiquante. Elle se révolte très jeune contre le sort qui lui est fait en tant que fille : « Ma révolte, ma soif éperdue de justice, mon refus de l’ordre établi et bien sûr mon féminisme. Tout est parti de l’enfance et de cette indignation ressentie dès mon plus jeune âge devant la malédiction de naître fille. Comment appeler autrement ce coup du sort qui, en vous attribuant le mauvais genre, vous prive instantanément de liberté et vous assigne un destin ? » dit-elle dans Une Farouche Liberté. Elle fera une grève de la faim pour ne plus faire les lits de ses frères, ni les servir à table. Elle se battra de même pour pouvoir faire des études et partir à Paris étudier le droit et la philosophie. Devenue avocate, elle décide de mettre sa liberté au service de celle des autres. Elle défend les militants et les militantes pour l' indépendance de l'Algérie, en particulier Djamila Boupacha, violée et torturée durant sa détention. Durant les années 1970, Gisèle Halimi devient une des figures importantes du féminisme. En 1971, elle signe le manifeste des 343 femmes appelant à la légalisation de l’avortement et reconnaissant avoir elles-mêmes avorté. La même année, elle fonde avec Simone de Beauvoir le mouvement Choisir la cause des femmes qui cherche à faire appliquer dans chaque pays d’Europe les lois du pays où elles sont le plus favorable aux femmes, ce qu’elle appelle La clause de l'Européenne la plus favorisée. En 1972, elle défend Marie-Claire Chevalier et les cinq femmes, dont sa mère, Michèle Chevalier, qui l'ont aidé à avorter suite à un viol. C'est le fameux procès de Bobigny qui ouvrira la voie à la loi Veil, qui en 1975, légalisera enfin l'avortement.
Gisèle Halimi défend de nombreuses victimes de viol et œuvre à faire reconnaître le viol comme un crime dans la loi française et non plus comme un délit. Elle est aussi à l’origine de la loi abrogeant la distinction de la majorité sexuelle pour les rapports homosexuels, la majorité sexuelle devenant la même pour tout le monde quelque soit son orientation sexuelle. En 1981, elle est élue députée sous l’étiquette Choisir la cause des femmes et se bat pour la parité, mais isolée, elle finit par « jeter l’éponge », « La politique s’est révélée un univers impitoyable pour une femme attachée à son indépendance et sa liberté. ». Quitter l’arène politique ne l’empêche pas de poursuivre ses combats, au contraire, elle occupe plusieurs fonctions à l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) et continue à demander la parité en politique. En 1998, elle est une des co-fondatrices de l’association altermondialiste ATTAC. Elle poursuit son combat pour faire avancer La clause de l'Européenne la plus favorisée cherchant toujours le meilleur et le maximum de libertés pour toutes. En 2009, elle devient membre du Tribunal Russel pour la Palestine qui se bat pour arriver à une paix juste et durable entre israëlien·nes et palestinien·nes en «réaffirmant la primauté du droit international comme base du règlement du conflit israélo-palestinien». Elle se consacre aussi de plus en plus à l’écriture rédigeant essais et souvenirs. Dans son dernier livre, entretien avec Annick Cojean, elle déclare « attendre que les femmes fassent la révolution {…} nous sommes encore si loin du compte. » affirmant que les femmes restent encore des « sous-sujets, des sous-citoyennes ». Gisèle Halimi s’est battue nous seulement pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes dans les mentalités, mais aussi pour l’inscrire dans le marbre de la loi. « Ayez de l’ambition, développez de grands rêves mais ne perdez jamais de vue l’exigence primordiale de l’indépendance. » proclame-t-elle dans Une farouche liberté.
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« Le viol est comme une mort inoculée aux femmes. Elle coexiste avec leur vie dans une sorte de parallélisme angoissant. »
Une farouche liberté
Entretien Gisèle Halimi avec Annick Cojean