Catharina Van Hemessen

Peintresse flamande

Autoportrait au chevalet (1948) © Kunstmuseum, Bâle.
Autoportrait au chevalet (1948) © Kunstmuseum, Bâle.

Née en 1528 à Anvers, décédée après 1567.


Catharina van Hemessen est née à Anvers en 1528, sa date exacte de sa naissance ne nous est pas connue, de même que celle son décès qu'on situe après 1567.

Cette artiste flamande est principalement considérée comme une portraitiste, même si elle réalise des scènes religieuses quand elle travaille dans l’atelier de son père, Jan Sanders Van Hemessen.

 Catharina Van Hemessen a eu un destin assez exceptionnel : elle nait dans une famille d’artistes, avec un père qui devient son maître et la forme. Elle est ensuite admise dans la très renommée Guilde de St Luc, au sein de laquelle elle enseigne à des élèves masculins, ce qui est rare pour l’époque !

Van Hemessen a signé et daté une grande partie de ses œuvres, ce qui était peu courant, même si cette tendance se développe de plus en plus pendant la Renaissance. Elle est aussi citée dans des ouvrages de critiques d’art et biographes très connus comme Ludivico Guicciardini et Vasari. Ces témoignages écrits sont précieux, car ils permettent à son nom et à ses œuvres de traverser le temps et de nous livrer des informations sur elle aujourd’hui.

Sa rencontre avec la reine Marie de Hongrie va être déterminante. Cette dernière est impressionnée par la peinture de l’artiste et devient sa principale mécène. Van Hemessen la suit quand elle part à la cour de Castille en Espagne, entre 1556 et 1558. Son mari, Christian de Morien, un organiste anversois qu’elle a épousé deux ans plus tôt l’accompagne. Elle devient peintresse de cour, mais également dame de compagnie et préceptrice en dessin pour les dames d’honneur. A sa mort, en 1558, Marie de Hongrie laisse à l’artiste une rente à vie, qui a probablement permis à la peintresse de de vivre confortablement.

Van Hemessen rentre à Anvers avec son mari, et en raison de l’absence de sources, on ne sait rien de plus sur la vie qu’elle a mené une fois de retour dans les Flandres.

Concernant son œuvre, on lui connait quelques peintures religieuses, réalisées en collaboration avec d’autres artistes dans l’atelier paternel. Dans le Retable Tendilla, elle réalise des scènes assez classiques même si on voit un travail sur les corps et les muscles, ce qui est rare car les femmes n’étaient pas autorisées à aller à des cours de modèle vivant nu ou d’anatomie.

C’est réellement dans les portraits que Catharina van Hemessen s’illustre. Elle réalise de nombreuses représentations de la noblesse, de sa famille et d’elle-même. Elle accorde une grande attention aux jeux des matières et des textures, mais c’est la sensibilité des expressions présentes sur les visages qui est frappante. Le regard donne une grande impression de vie et capte notre attention.

S’il y a une œuvre à retenir de l’artiste, c’est son autoportrait de 1548. Elle se représente au travail, sa palette à la main, en face de son chevalet, avec un habit assez somptueux, en velours. Ce vêtement n’était sûrement pas celui dans lequel elle peignait habituellement, mais il permettait à l’artiste de mettre en avant son statut social privilégié. Ce tableau est important, car c’est le premier autoportrait d’une peintresse signé connu dans l’histoire de l’art. C’est aussi le premier autoportrait signé d’un ou d’une artiste se représentant en train de peindre. En se représentant au travail, elle s’affirme en tant qu’artiste dans un monde où l’on excluait les femmes de cette profession.

On a longtemps considéré qu’elle avait arrêté de peindre en 1554 car on n’a pas trouvé de tableaux datés d’une date plus récente. On a pensé que Catharina van Hemessen avait arrêté sa profession pour se consacrer à son mariage. Mais l’historienne de l’art Vida Hull pense que cette hypothèse est peu probable, puisque Marie de Hongrie l’avait engagée comme peintresse de cour jusqu’à sa mort, en 1558. L’absence d’œuvre après 1554 peut s’expliquer par deux autres causes. Tout d’abord, comme Catharina van Hemessen ne signait pas toujours ses œuvres, il est possible que certains de ses tableaux aient été attribués à d’autres artistes. La deuxième hypothèse, c’est que les œuvres aient été détruites lors d’un incendie à la cour de Castille en 1734 qui a fait disparaître les archives, la bibliothèque et la collection d’œuvres d’art.

 

Marine Laboureau

Etudiante en Histoire de l’Art à l’Université Lyon I

en stage chez Si/si au printemps 2020

 

 

En savoir +

1. Autoportrait au chevalet (1948) © Kunstmuseum, Bâle. 2. Portrait d’une dame (c. 1551) @ Bowes Museum, Barnard Castle. 3. Atelier Hemessen Retable Tendilla, Détail du panneau central : La Lamentation du Christ réalisé par Catharina van Hemessen (c. 1550) © Musée d'Art de Cincinnati. 4. Portrait d’une dame ou Autoportrait (1548) © Rijksmuseum, Amsterdam. 5. Portrait d’une dame avec son chien (1551) © National Gallery, Londres.

 

On peut observer les portraits 4 et 5 avec beaucoup de précision en suivant les liens inter-textes.

 

 

 


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