Médecin, pédiatre et gynécologue tunisienne
Née le 2 janvier 1909 à Tunis, morte le 6 décembre 2010 à Tunis, à l'âge de 101 ans.
Avant de devenir la première femme musulmane diplômée de médecine, Tawhida Ben Cheik est la première tunisienne à obtenir son baccalauréat.
Née dans une famille aisée, elle perd son père très jeune et sa mère s'occupe seule d'elle et de ses trois frères et sœurs. Une mère qui va la soutenir coûte que coûte dans ses études et organiser son départ clandestin, en 1929, pour Paris afin qu'elle puisse y suivre des études de médecine. Départ soutenu et encouragé par le bactériologiste Etienne Burnet qui dirige L'Institut Pasteur à Tunis et son épouse, Milda Lydie Yostine, qui l'aide à s'installer à Paris.
En 1936, elle obtient son diplôme de docteur en médecine et rentre à Tunis, mais les lois discriminantes coloniales ne lui permettent pas d'exercer dans le public. Elle installe un cabinet, 42 de la rue Bab-Ménara, dans un quartier déshérité où elle viendra en aide à une population très pauvre. Sa prise en charge de nombreuses femmes et enfants va la pousser à se spécialiser dans la gynécologie et la pédiatrie.
Militante féministe, elle est membre de l'Action de la Jeune Fille Tunisienne et de l'Union Musulmanes des Femmes de Tunis (UMFT), fondée par la militante féministe et indépendantiste Bchira Ben Mrad.
Après l'indépendance de la Tunisie, en 1956, elle rejoint l'hôpital public. En 1963, elle crée et dirige le service de gynécologie de l'hôpital Charles-Nicolle, elle y dirigeait déjà la maternité. Elle contribue à la mise en place du Planning Familial, dont elle deviendra la directrice en 1970. Tout cela en dirigeant également le service de gynécologie de l'hôpital Aziza Othmana ! On comprends que sa fille, l’archéologue Zeïneb Benzina, dise avoir peu connu sa mère dans son enfance : " car elle était très prise par son engagement humaniste : elle menait des combats sur tous les fronts, que ce soit pour les orphelins ou les personnes ayant perdu leur logement durant les bombardements de la seconde guerre mondiale".
Tawhida Ben Cheikh s'est également battue pour le droit à l'avortement légalisé en Tunisie en 1973 (soit deux ans avant la France).
En savoir +
Billet de 10 dinars édité à l'effigie de Tawhida ben Cheikh le 20 mars 2020, en pleine crise du coronavirus en hommage au personnel soignant.