Berty Albrecht

Militante féministe et résistante française

Née le 15 février 1893 à Marseille, décédée à la prison de Fresnes le 31 mai 1943, à l’âge de 50 ans.


 

Née Berty Wild,  dans une famille protestante bourgeoise de Marseille, Berty Albrecht reçoit une éducation rigide dont elle a très tôt envie de s'extirper. Après un séjour d'un an à Londres où elle parfait son anglais et découvre les mouvements féministes, elle rentre en France à la déclaration de la Première Guerre mondiale et s'engage comme infirmière. Après la guerre, elle épouse le banquier  Fréderick Albrecht rencontré durant son séjour londonien. Le couple s'installe en Hollande et a deux enfants. Berty Albrecht s'investie beaucoup dans l'éducation de ses enfants, mais il manque quelque chose à son existence. Le déménagement du couple à Londres va lui permettre de renouer ses contacts avec les milieux féministes. Elle s'engage alors dans de nombreuses batailles : contraception, droit à l'avortement, union libre, liberté sexuelle. Elle se lie d'amitié avec la suffragiste Sylvia Pankhurst qui a fondé avec sa mère et sa sœur, Emmeline et Christabel Pankhurst, Union sociale et politique des femmes (Women's Social and Political Union, ou WSPU), avec Mary Stope, autrice du manuel d'éducation sexuelle Married Love et Norman Haire, gynécologue qui soutien que l'homosexualité n'est pas une maladie. Après le krach boursier de 1929, Berty Albrecht s'installe en France avec ses enfants et le couple vit de façon séparé sans pour autant divorcer. Fréderick continuant à subvenir largement aux  besoin de sa famille. A Paris, Berty Albrecht, bien que déçue par la majorité des féministes françaises qu'elle trouve trop frileuses, continue de se battre pour les droits des femmes. Elle se lie d'amitié avec Jeanne Humbert et son mari Eugène, anarchistes qui défendent des idées néo-malthusiennes, c'est-à-dire le contrôle des naissance et la liberté sexuelle. Elle se lie aussi les militantes Gabrielle Duchêne, Madeleine Braun et Luce Langevin. Proche de la Ligue des droits de l'Homme, elle fréquente également le couple Hélène et Victor Basch

Dès 1933, Berty Albrecht aide les réfugiés allemands et espagnols et s'engage dans les mouvements antifascistes. En 1933, elle rencontre Henri Frenay, issu de la droite nationaliste, qui a 13 ans de moins qu'elle. Berty Albrecht et Henry Frenay vont vivre une histoire d'amour intense et libre qui va profondément modifier la façon de voir et de penser d'Henry Frenay. Toujours en 1933, Berty Albrecht crée la revue Le Problème sexuel qui publiera 5 numéros jusqu'en 1935.

Elle suit la formation de sur-intendante d'usine, initiée par Cécile Brunschvicg, elle s'y lie d'amitié avec Jane Sivadon, sa formatrice, qui la rejoindra dans la Résistance quelques années plus tard.

Elle part en 40 en zone libre. Elle organise et dirige avec Henri Frenay le « Mouvement de libération nationale » qui va rapidement devenir Combat. Arrêtée en 1942, mise en camp d'internement par Vichy, elle s’évade, reprend la lutte et est arrêtée par la Gestapo en 43. Elle se pend dans sa cellule à Fresnes.

Elle est une des six femmes « Compagnon de la Libération » et une des deux inhumées au Mont Valérien.

 

 

En savoir +

"Ce que les femmes réclament, ce n’est pas le droit à l’avortement, car ce droit, elles le prennent toutes et dans tous les pays ; c’est le droit à ce que l’opération puisse être faite proprement et par de vrais médecins." 

 

 

 

Extrait discours de Berty Albrecht 

au Congrès de la Ligue mondiale pour la Réforme sexuelle,

à Vienne, en 1930

citée par l'écrivaine féministe Suzanne de Callias

dans le journal L'Œuvre, sept 1930

 

 

 

"Si vous ne me rendez pas ma liberté sans conditions, je me laisserai mourir de faim. Mieux vaut mourir que végéter ici en paraissant accepter de telles injustices. Je n’ai peur ni de la mort, ni des hommes."

 

 

Lettre à René Bousquet, 

conseiller d’État, secrétaire général pour la police,

(19 juin 1942)

Berty Albrecht

 


A lire