Marie Bashkirtseff

Peintresse, sculptrice et diariste d'origine ukrainienne

Autoportrait à la palette (1880) © Musée des Beaux-Arts Jules Chéret (Nice)
Autoportrait à la palette (1880) © Musée des Beaux-Arts Jules Chéret (Nice)

Née le 11 novembre 1858 à Gavronzy en Ukraine, morte le 31 octobre 1884 à Paris, à l'âge de 26 ans.

Marie Bashkirtseff naît à Gavronsky en actuelle Ukraine (à l'époque partie de l'Empire russe) dans une famille noble et fortunée, mais rejetée par la bonne société à cause des nombreux scandales qui l'entourent (jeux, alcoolisme, comportements brutaux du frère de la mère de Marie Bashkirtseff). Son enfance et son adolescence se passent en voyages, principalement en Italie et en France. Sans y être particulièrement encouragée, elle se réfugie dans les études pour échapper à l'atmosphère pesante des procès qui jalonnent la vie familiale et les rêves de riches mariages qu'on projette sur elle. Outre l'ukrainien, elle parle parfaitement le russe, le français, l'anglais et l'italien. Sa soif de lecture la conduit rapidement à tenir elle-même un journal qu'elle commence à l'âge de 12 ans en français. En effet, c'est en France que sa mère, séparée de son père après deux ans de mariage, a choisi de s'installer. 

 

Marie Bashkirtseff, vive et talentueuse, est admirée par sa mère qui soutient son inscription à l'académie Julian, école privée fondée en 1866 par le peintre Rodolphe Julian et sera dirigéeà sa mort, par la peintresse féministe Amélie Beaury-Saurel, qui y a été tour à tour élève et professoresse. L'académie Julian était une des seules à ouvrir des ateliers aux femmes et à leur permettre d'avoir une formation artistique. Les Beaux-Arts n'ayant ouvert leurs portes aux femmes qu'en 1897.

A l'académie Julian, Marie Bashkirtseff côtoie Louise Catherine Breslau, seule de ses condisciples pour laquelle elle a une vraie admiration, elle l'évoque fréquemment dans son Journal.

Consciente de son talent, Marie Bashkirtseff se confronte douloureusement au sexisme qui l'exclue du monde des arts, mais aussi de la liberté qui permet d'exprimer pleinement son talent. Elle développe abondamment cette problématique dans son journal et dans sa correspondance.

Eh bien, quoi que je dise, il faut crier et se rendre ridicule (je laisserai ce soin à d’autres) pour obtenir cette égalité dans cent ans. Moi, je tâcherai de la donner à la société en lui montrant une femme qui sera devenue quelque chose, malgré tous les désavantages dont la comble la société." écrit-elle le 2 janvier 1879 (elle a 21 ans).

"La question de la femme est une des plus odieuses, et quand on pense que tout a progressé, sauf cela, on est vraiment stupéfait." écrit-elle l'année suivante.

Elle prendra le pseudonyme de Pauline Orell pour écrire dans le journal féministe d'Hubertine Auclert, La Citoyenne.

Elle meurt à l'âge de 25 ans emportée par la tuberculose, laissant derrière elle une œuvre suffisante pour marquer l'histoire de l'art, ce qui était son ambition légitime et assumée. 

Cependant beaucoup de ses œuvres, tableaux et sculptures, ont été détruites par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Sa tombe est déclarée monument historique.

 


"En ce moment, je suis si désespérée, si malheureuse que je ne désire rien ! {…}

J'ai des robes, une maison, un bon manger, une voiture, des loges et des places dans tous les endroits payants. Combien il y en a qui n'ont rien et qui me voyant passer en voiture m'envient et me pensent heureuse."

Journal, 30 décembre 1875

 

"Chez nous, on a le tord immense, impardonnable, incommode, préjudiciable et laid de me donner tous les messieurs que je connais."

Journal, 24 janvier 1876

 

"N'ai-je donc pas d'autres buts dans la vie que de m'habiller avec tant d'art, m'orner de feuillage et penser à l'effet ?"

 

Journal, 3 juillet 1876

 

"Ce que  j’envie, c’est la liberté de se promener tout seul, d’aller, de venir, de s’asseoir sur les bancs du jardin des Tuileries et surtout du Luxembourg, de s’arrêter aux vitrines artistiques, d’entrer dans les églises, les musées, de se promener le soir dans les vieilles rues; voilà ce que j’envie et voilà la liberté sans laquelle on ne peut pas devenir un vrai artiste. Vous croyez qu’on profite de ce qu’on voit, quand on est accompagnée ou quand, pour aller au Louvre, il faut attendre sa voiture, sa demoiselle de compagnie ou sa famille? Ah! cré nom d’un chien, c’est alors que je rage d’être femme !"

Journal, 2 janvier 1879


1 - L'académie Julian (1881) © Musée d'Histoire de Dnipro (Ukraine).

2 - Portrait au chapeau (circa1878) © Musée Félix Ziem, Martigues

3 - Le parapluie (1883) © Musée russe, Saint Petersbourg

4 - La lectrice (18 © Musée des Beaux Arts de Kharkiv


Tombeau de Marie Bashkirtseff, représentant un atelier d'artiste, au cimetière de Passy à Paris.


 

« Si j’allais mourir, comme cela, subitement, je ne saurais peut-être pas si je suis en danger, on me le cachera... Il ne restera bientôt plus rien de moi... rien... rien ! C’est ce qui m’a toujours épouvantée. Vivre, avoir tant d’ambition, souffrir, pleurer, combattre, et, au bout, l’oubli !... comme si je n’avais jamais existé. Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce journal intéressera toujours : c’est curieux, la vie d’une femme, jour par jour, comme si personne au monde ne devait la lire, et, en même temps, avec l’intention d’être lue. » 

 

Introduction à son journal, ajoutée par Marie Bashkirtseff en 1884, quelques mois avant sa mort.

 



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